Pourquoi la première montre-bracelet OMEGA vaut 130'000 francs suisses
Hier soir, Omega a présenté en édition limitée le premier chronographe-bracelet lancé en 1913, lors d’une soirée festive et rétro intitulée « une nuit au musée » en présence de collectionneurs de renom et de journalistes spécialisés.
Il y a des moments comme cela où le temps semble suspendu. Dans une chaude ambiance d’un soir d’été et après une brève course en voitures d’époque allant de la Rolls Royce de 1927 à la Chevrolet des années 30-40, les invités d’Omega ont eu la chance de se retrouver au milieu des pièces historiques du musée pour quelques allocutions de professionnels autour du thème de la collection. L’idée était donc lancée de savoir quel virus avait poussé les uns à se passionner pour la marque, et les autres à vivre un relationnel fusionnel avec une ou plusieurs références ayant marqué l’histoire de cette entreprise.
Faire monter le suspens
Mettre en scène et théâtraliser une situation a pour effet de pimenter l’action en cours. Evidemment, tout le monde sur place était impatient de savoir quelle montre allait bien pouvoir être présentée à l’issue de ces performances oratoires. Mais le doute demeurait et certains on sans doute cru possible que soit rééditée l’Omega sertie de diamants qu’Elvis Presley s’était offerte et que la marque a récemment rachetée aux enchères. Mais non, de toute évidence, la thématique des costumes et des voitures des années 1920-30 ne collait pas avec le produit. La surprise devait donc être tout autre. Ce que confirmait très vite le Président et CEO de l’entreprise Raynald Aeschlimann en invitant ses hôtes présents à découvrir la montre qui les avait tous fait converger des quatre coins du globe pour ce musée seulement illuminé par quelques porteurs de bougies.
Dévoiler un trésor inattendu
Allez, l’instrument bien caché dans le puissant coffre fort posé au centre de l’espace de réception n’est pas une simple montre, mais un puissant chronographe-bracelet mono-poussoir de 47,5 mm de diamètre en or blanc dont les lignes reprennent celles de ce qui est historiquement le premier chronographe-bracelet d’Omega, lancé en 1913 et, qui sait, peut être le premier chronographe-bracelet de l’histoire.
Paré d’une boîte ronde avec cuvette montée sur charnière, cet instrument édité à seulement 18 exemplaires et mu par un calibre mécanique à remontage manuel de 18 lignes 18’’’ CHRO, en impose. A première vue, son prix d’environ 130 000 CHF aussi…
D'accord, mais vaut-elle 130'000 CHF?
Voilà une somme rondelette, mais il est peu ou prou conforme à celui d’un garde-temps à complication réalisé avec soin. Et ce dernier correspond au travail que savent décrypter et estimer les experts. Car, dans le cas présent, l’idée n’était pas de faire du neuf avec du vieux et de lifter une série de 18 pièces retrouvées au fond d’un tiroir, mais d’ouvrir une nouvelle page à l’histoire de la collection en osant une approche de construction qui soit tout à fait originale pour donner une vie bien à elle à ces chronographes originaux et complexes à la fois. Pour cet exercice les horlogers ne sont pas passé par des chablons roulants (mouvements partiellement finis et fonctionnels à enjoliver) qui auraient été retrouvés dans une armoire de l’entreprise, mais ils sont parti de mouvements anciens ayant déjà eu une vie bien à eux.
Comment s'est fabriquée la montre?
Dans le cas présent, l’équipe de spécialistes s’est concentrée sur une construction à partir d’une platine et de ponts d’époques et de certains des composants qui pouvaient être conservés comme le magnifique grand balancier bi-métallique et l’ancre. Mais dans l’ensemble, en dehors de ces éléments sus-cités, tous les composants ont été refaits à partir des originaux, mais selon des standards contemporains. Ainsi, les platines et les ponts ont été retravaillés pour être enjolivés selon les standards de la haute horlogerie d’aujourd’hui.
Avant d’être Polis, dorés, perlés et anglés un à un par des artisans maîtrisant leur art, la direction du projet à choisi de supprimer les rubis anciens sertis à la façon de cabochons dans le laiton et de les remplacer par des rubis synthétiques de qualité supérieure « olivés » et chassés dans leurs emplacement respectifs, une fois leurs trous parfaitement calibrés et fraisés dans la matière d’époque. Les artisans ont ensuite refait les roues, le barillet destiné à recevoir le nouveau ressort garantissant une réserve de marche conforme aux attentes des consommateurs d’aujourd’hui.
Ils ont également adapté un nouveau spiral, des pignons et des vis toutes retaillées afin que chaque composant soit conforme au cahier des charges défini par la maison. Evidemment, les bascule comme les ressorts en acier ont été retravaillé, anglés, polis satiné ou poli bloqués conformément aux standards les plus élevés. Grâce à ce travail de fond, le mouvement conserve toutes les caractéristiques d’un cœur de 1913, mais se révèle aussi l’expression du savoir-faire des artisans d’aujourd’hui.
Et parce rien n’est trop beau, la référence 18’’’ CHRO emporte de façon pratiquement invisible, toutes les sécurités destinées à garantir à la pièce une longue durée de vie et une précision supérieure (incablocs au balancier pour le protéger des chocs et des huiles à haute viscosité, neutres et ne résinifiant pas).
Refaire à l’identique mais en mieux
Au final, ce cœur totalement neuf et travaillé à l’unité par un maître horloger peu alors recevoir son cadran lui aussi construit à l’ancienne, mais avec des technologies contemporaines. Proposé en émail grand feu, il est réalisé en plusieurs cuissons pour atteindre une généreuse épaisseur d’émail d’un blanc pur. On notera que le disque de support n’est plus en laiton ou en cuivre comme cela se faisait dans le passé mais en acier.
Et les trous des compteurs ont été taillés au jet d’eau à forte pression afin d’atteindre une perfection de découpe inégalée. Ensuite et conformément à la tradition, ces compteurs ont été posés et ajustés à leurs emplacements. Une fois ce « visage » finalisé, les horlogers posent les aiguilles, elles aussi faites à l’identiques mais en une série n’excédant pas 18 jeux incluant celles destinées au SAV futur. Bien entendu, et après tant d’efforts de la part d’horlogers passionnés pour redonner vie à une pareille mécanique d’exception, il aurait été dommage d’installer ce cœur de haute horlogerie dans un boîtier en argent ou en acier noirci comme cela se faisait à l’aube du XXème siècle.
Parer l’exception des plus beaux atours
La carrure de 47,5 mm de diamètre (soit quelques dixièmes de mieux que le modèle d’origine), mais aussi la cuvette montée sur charnière de la pièce, ont été usinées dans un bloc d’or blanc pour être plus résistants aux impacts que ne l’étaient les références d’antan. Dans le même esprit de durabilité, la glace en verre a été remplacée par son équivalent en saphir inrayable. Pour conserver ce « look » vintage qui plait tant, les bracelets en cuir livrés dans la mallette spécialement réalisée pour cette pièce d’exception produite à seulement 18 exemplaires, sont totalement démontables grâce à un outil permettant aux rivets, eux aussi usinés en or, d’être dévissés puis revissés. Cette manipulation permet de faire passer la languette du bracelet au niveau de l’attache fixe soudée à la carrure et de sécuriser l’ensemble en revissant les rivets une fois l’opération effectuée.
Au final, cette merveille d’équilibre toute chargée d’histoire reçoit une couronne et un poussoir de chronographe à roue à colonne (elle aussi nouvelle) permettant les mesures de temps courts sur 15 minutes en or Sedna®. Rares et uniques dans l’histoire d’Omega pour le traitement ultra soigné qu’ils ont reçus, ces chronographes ont demandé unitairement des centaines d’heures d’un travail soigné pour pouvoir être dignes de compter parmi les plus beaux instruments de mesure du temps courts et d’être admis dans le cercle très fermé des garde-temps symboles de ce que les artisans dévoués à leur art sont capables d’offrir.
Pour conclure
Ayant demandé patience et talent, ces merveilles d’équilibre, illustrant à merveille combien il est possible de vivifier le passé à la modernité, offrent de replacer le chronographe parmi les plus belles et les plus complexes des complications. A l’instar d’autres grandes maisons réputées pour leurs montres à complications, Omega offre aux passionnés exigeant d’avoir une idée faite matière de ce que le mot perfection veut dire pour cette manufacture dont le logo est formé de la dernière lettre de l’alphabet grec.