Omega ou la machine à succès !
Aujourd'hui on ne pose plus la question de savoir si Omega est une marque connue. On se demande plutôt si on trouve encore des endroits dans le monde où elle n'évoque rien! De fait, la marque biennoise est devenue une formidable machine à gagner. Son président, Stephen Urquhart, raconte.
Par Eric Othenin-Girard
Journaliste spécialisé
"Omega va très bien puisque l'an passé, nous avons construit près d'un demi million de mouvements mécaniques co-axiaux." Et Stephen Urquhart de préciser que désormais tous les mouvements mécaniques construits par Omega sont équipés du célèbre échappement, sauf bien entendu les montres de la lune. En effet, la Speedmaster originale était, et est toujours équipée d'un mouvement mécanique à remontage manuel. En effet, dans l'espace, il n'y a plus assez de gravité pour permettre à une masse oscillante de tourner et de fournir ainsi l'énergie destinée à la marche du mouvement. Aujourd'hui encore, nombre de puristes veulent la même montre que celle qui rejoignit la lune au bras des astronautes. Bien sûr, pour celles et ceux qui n'attachent pas d'importance à ce facteur la Speedmaster est également disponible avec l'échappement co-axial, ce même échappement qui équipe également les série mécaniques de la Ladymatic, cette nouvelle montre féminine dont le président d'Omega dit : "Elle correspond parfaitement au désir de très nombreuses femmes qui, contrairement aux idées reçues, souhaitent pouvoir disposer d'un beau mouvement mécanique avec une ou deux complications intelligentes, surtout quand la montre a été spécifiquement développée pour elles. Cela étant, le succès se construit sur le long terme.
Il faut savoir fixer des objectifs, les tenir avec rigueur sans varier de cap afin de récolter les fruits des efforts consentis. Et pour corroborer son affirmation, il donne le détail des étapes parcourues. La Constellation, qui existe depuis 1952, et son design actuel, si typique avec ses quatre griffes, qui a vu le jour en 1982. La Speedmaster créée en 1957, la Seamaster de 1948. ?C'est une montre mythique, un mélange de sport et d'élégance, portée par James Bond depuis 1995.? Quant à la De Ville, créée en 1967 et axée sur la technicité, elle a été, il y a une dizaine d'années, la première à accueillir le nouvel échappement co-axial. Nos familles de montres ont donc presque toutes atteinte le demi-siècle".
Evidemment piloter un bateau comme Omega avec le succès que l'on sait, demande une parfaite connaissance du milieu. Stephen Urquhart en vient précisément. Citoyen britannique et Suisse, Né à Trinidad, Stephen Urquhart est en internat en Angleterre lorsque, au début des années soixante, il obtient le droit d'entrer dans une prestigieuse université britannique. Mais voilà, il n'a que dix-sept ans, il lui faut patienter un an de plus avant de pouvoir y étudier.??Son directeur d'école lui suggère de le passer en Suisse, pour y parfaire un français qu'il a déjà étudié. Et ce qui devait n'être qu'un voyage de douze mois s'est transformé en une vie entière. Stephen Urquhart est toujours citoyen britannique, mais il habite dans le canton de Vaud, et possède désormais un passeport suisse. Chez lui, comme pour les familles des collections d'Omega tout s'inscrit dans la durée.
À commencer par sa relation avec la marque qu'il préside depuis 1999, et qui fut, trente ans plus tôt, son premier employeur, au sortir de ses études d'économie à l'université de Neuchâtel. Il y entra au département ?communication?, participa à la première intégration de la marque dans la holding de ce qui deviendra le Swatch Group.??En 1969, Omega décroche la lune avec la Speedmaster. Il est à l'époque l'un des rares anglophones de l'entreprise et se retrouve dans un bureau à Bienne, écouteurs sur les oreilles, suivant en direct les conversations entre Neil Armstrong et Buzz Aldrin, guettant les allusions à la Speedmaster. ?"C'était un moment extraordinaire". ??Quelques années plus tard, il rejoint Audemars Piguet où il passera 23 ans. ?J'ai fait ma carrière entre Bienne et Le Brassus?. Mais en 1997, Swatch Group le rappelle pour rejoindre Blancpain, avant de lui confier Omega. La marque est forte d'une histoire exceptionnelle, et sous l'impulsion de Nicolas Hayek, de grands chantiers ont été mis en place. "Il s'agissait de remettre en valeur les quatre familles de la marque?", et aussi de mettre en piste le nouvel échappement Co-Axial, qui aurait pu n'être qu'un produit de niche. On connaît la suite.
Aujourd'hui, Omega diffuse ses créations dans les cinq continents. Et quand on lui demande comment se porte la marque en Chine, Stephen Urquhart sourit et répond : "Pour notre part, le succès se poursuit. Certes, nous constatons une certaine stabilisation depuis quelques mois, mais nous remarquons aussi que les clients chinois sont très intéressés par les pièces en or. D'ailleurs, la first lady chinoise porte une constellation en or gris, le modèle Orbis.
Nous ne voyons donc pas du tout l'avenir avec inquiétude dans l'Empire du milieu. Si la Chine est plus calme, il en va tout autrement dans notre deuxième marché en importance, les Etats-Unis où nos ventes sont en augmentation, tant pour les modèles hommes que pour les modèles féminins. Nous y avons ouvert un bon nombre de boutiques et nous sentons très nettement une augmentation de nos ventes. Quant à l'Europe, contrairement à ce que l'on constate ici et là, le marché reste bon pour nous, y compris en France où nous sommes en augmentation. Il faut toutefois préciser que les achats des touristes comptent dans cette progression.
Et comme nous ne voulons pas nous endormir sur nos lauriers, nous explorons d'autres marchés. Le Brésil, qui était pratiquement sinistré à cause des taxes extrêmement élevées qui portaient les prix des montres à trois fois celui des Etats-Unis, ce marché s'est ouvert. Enfin, du côté des pays de l'Est, avec les prochains jeux olympiques, nous voyons l'intérêt des clients augmenter".
Sur le plan technique, Omega n'est pas en reste de nouveautés des de découvertes. Dans le domaine des garde temps précieux, l'or Omega Sedna? est le nom donné par la marque à un nouvel alliage qui unit trois éléments : l'or, le cuivre et le palladium. Il s'agit d'un or rose 18 carats, ce qui signifie qu'il contient au minimum 75 % d'or. La couleur rose unique de cet or résulte de sa proportion idéale de cuivre. La durabilité de sa teinte rougeoyante est assurée par sa teneur en palladium.
Son nom est tiré d'un objet trans-neptunien baptisé Sedna par les astronomes, en référence à une déesse du peuple Inuit qui vivrait au fond de l'océan Arctique. La surface de l'objet en orbite a été décrite comme l'une des plus rouges de notre système solaire.
Le Swatch Group a recruté au sein de ses diverses sociétés les meilleurs métallurgistes et scientifiques, leur confiant la mission de créer un alliage d'or rose 18 carats d'une couleur à la fois merveilleuse et insensible aux outrages du temps. Cet or Sedna est ainsi entièrement développé en interne.
La Seamaster Aqua Terra > 15 000 gauss, c'est-à-dire le calibre co-axial 8508 fait partie des innovations technologies les plus spectaculaires de ces dernières années. Ce mouvement, qui résiste aux champs magnétiques supérieurs à 1,5 tesla (15 000 gauss), loin au-dessus du niveau de résistance magnétique de toute montre existant à ce jour, apporte la solution à l'un des problèmes auxquels les horlogers sont confrontés depuis de nombreuses décennies.
La première montre qui en sera équipée est la Seamaster Aqua Terra > 15 000 gauss, un chronomètre Co-Axial de 41,5 mm en acier inoxydable.
Cette technologie a été développée par une équipe composée d'ingénieurs de chez ETA, Asulab, Nivarox, FAR et OMEGA ; elle a permis de créer le premier prototype de ce mouvement, intégré à une Seamaster Aqua Terra.
Contrairement aux autres tentatives qui avaient pour but de contrecarrer les effets du magnétisme, le principe de protection du mouvement ne repose pas sur la présence à l'intérieur du boîtier de la montre d'un enclos de protection, mais sur l'utilisation dans le mouvement lui-même de matériaux non-ferreux soigneusement sélectionnés. Plusieurs brevets ont été déposés dans le cadre du développement de ce nouveau mouvement. Même lorsqu'il a été exposé à un champ magnétique supérieur à 15 000 gauss, ce mouvement continue de répondre aux critères de certification définis par le COSC.
Jusqu'ici, la méthode préconisée pour combattre les effets des champs magnétiques consistait à enfermer les mouvements dans de petites boîtes de protection. Cette approche présentait divers inconvénients : elle ne permettait pas de répondre à la constante augmentation de la puissance moyenne des aimants permanents qui se sont multipliés dans notre environnement quotidien ; en outre, d'un point de vue esthétique, elle empêchait d'admirer le mouvement et d'afficher la date.
Le magnétisme a toujours constitué pour les horlogers un problème majeur, d'autant plus important aujourd'hui que les aimants sont désormais omniprésents dans notre environnement quotidien. Les horlogers sont appelés régulièrement à démagnétiser des montres dont les performances sont affectées par leur exposition à des champs magnétiques, un problème que ce nouveau mouvement va résoudre entièrement. OMEGA inaugure ainsi une technologie innovante qui va changer pour toujours la façon dont le secteur horloger aborde les problèmes croissants posés par les champs magnétiques.
Crédits Photos:
https://www.omegamuseum.com et https://www.omegawatches.com
